Présentez-vous à nos lecteurs : qui êtes-vous et quel métier exercez-vous ?
Nagael, Eniripsa de cœur et Cordonnier de profession, à la retraite maintenant. J'ai les ailes vertes, les bottines noires, et je porte souvent un chapeau de paille quand je travaille.
Dans quelles circonstances l'avez-vous monté et comment ? (c'est-à-dire : faisiez-vous partie des premiers maîtres où êtes-vous arrivé par la suite ; ça change beaucoup de choses)
J'étais parmi les premiers à coloniser Maimane, et j'ai appris le métier de cordonnier dès le début. À partir de là, j'ai récupéré tout le cuir que je pouvais, et j'ai progressé à mon rythme. Pendant un moment mon niveau de métier et mon niveau de combat montaient à peu près à la même vitesse. Ensuite avec les clients, le métier a pris de la vitesse, et je suis passé maître en Septembre dernier, soit dix mois après avoir commencé. À ce moment-là, il devait y avoir cinq ou six cordonniers qui étaient déjà maîtres.
(Anecdote : à la base, sans rien connaître au système, je voulais être tailleur. J'ai vu que c'était compliqué, j'ai croisé Ygat Chouse, à Astrub, qui m'a proposé de devenir cordonnier. Et je me suis dit "Pourquoi pas ?"...)
Comment vous êtes-vous fait connaître ? (JOL, rune de métier, site perso, autre)
Je me suis inscrit dans la liste des artisans de JoL dès que j'avais atteint un niveau raisonnable. J'ai également fait partie de la confrérie d'artisans menée par Daoul, qui avait mis en place un site web pour la faire connaître. Mais je pense que la rune de métier (à partir du moment où elles ont fait leur apparition) est ce qui m'a amené le plus de clients. Suivi ensuite de la liste d'amis, car je suis souvent contacté par d'anciens clients qui se souviennent de moi.
Comment vous rendiez-vous disponible pour les clients ? (juste la rune activée, présence en atelier à des horaires particuliers etc.)
Je gardais ma rune de métier activée quasiment tout le temps où j'étais connecté. Mes co-Guildeux ont fini par prendre l'habitude que je les quitte entre deux combats pour aller servir un client... Ça a probablement dû les énerver un peu, mais ils n'ont jamais râlé (rires). Je n'ai jamais fait de permanence en atelier, je préférais vivre des aventures ; par contre je venais (et viens encore) rapidement quand on me contactait.
Pratiquez-vous toujours autant votre métier depuis que vous êtes passé maître ?
Une fois passé maître dans mon art, j'ai continué à pratiquer mon métier comme avant. J'avais un peu plus de temps pour faire d'autres choses, mais je ne vois pas bien pourquoi je me serais arrêté, en fait. Il faut dire que ça reste une bonne source de revenus... Puis récemment j'ai pris ma retraite, et je ne viens que rarement dans le
monde des Douze.
Votre meilleur / pire souvenir de ce métier ? Qu'est-ce qu'il vous a apporté (voire vous apporte toujours) ?
Alors... Je me souviens de mon premier objet à 7 ingrédients : un client qui est venu me voir pour une Ceinture Mulante alors que j'avais tout juste le niveau pour la fabriquer. Et pour l'époque, elle en représentait, du temps passé à dépecer les monstres ! J'étais impressionné de fabriquer une ceinture aussi puissante, et honoré qu'il me fasse assez confiance pour me confier sa réalisation... Je l'ai réussi, et il était vraiment heureux, et moi vraiment soulagé !
En tant que Cordomage, j'ai eu un certain nombre de mauvaises expériences, principalement des gens qui ne me faisaient pas assez confiance pour me confier leur objet, ainsi que des impatients qui veulent tout tout de suite et s'en vont sans un "Merci".
Mais mon pire souvenir est un souvenir d'un p'tit mesquin, et c'était pour de la Cordonnerie. On vient me demander une Abrature Ancestrale, mais il faut faire l'Abrature normale d'abord. Étant dans un bon jour, je la fais gratuitement et gentiment, et le client disparaît. Il n'a jamais répondu à mes messages. J'ai vérifié ensuite, il avait le niveau pour porter l'Ancestrale, et vraiment, gruger pour une Abrature normale à ce niveau là, j'ai vraiment été énervé.
Ce métier m'a apporté ... une confortable situation financière
Pour le monter, j'ai également dû apprendre le sens du commerce, avoir une bonne idée du prix des ressources et des équipements. Et puis il m'a permis de rencontrer beaucoup de monde, dont certains sont restés des amis depuis.Quels conseils donneriez-vous à des gens souhaitant se lancer dans le métier ?
Soyez patient. La patience vaut de l'or, dans ce métier. Progresser vite demande d'acheter beaucoup de ressources, souvent pour fabriquer des équipements qui se revendent très mal, et donc on perd des sous. Un client qui demande un objet, c'est quelqu'un qui paie pour te faire progresser. Alors c'est sûr qu'on choisit pas à quel rythme les clients viennent, mais il en vient forcément. Sur la fin (et les dix derniers niveaux sont les plus longs), les travaux pour des clients représentaient la moitié de mon apprentissage.
Dans le désordre, ce qui m'a permis d'avoir du succès avec ce métier :
* J'ai dès le début essayé de gagner des sous avec. J'ai donc alterné entre la fabrication d'équipements peu chers pour apprendre, et la fabrication d'équipements recherchés que je pourrai revendre. Et même en réinvestissant une bonne partie des sous gagnés dans mon métier, cela a été rentable très tôt.
* J'y passais une bonne partie de mon temps : consulter les hôtels de vente deux ou trois fois par jour, garder ma rune activée pour répondre aux clients ; au début je consultais les modes marchands autour de Tainéla pour dénicher les bonnes affaires de cuir. Et comme en plus j'étais souvent connecté en journée, à des périodes où peu d'artisans sont disponibles, de nombreux clients me contactaient.
* Mes amis m'ont aidé. J'ai géré mon métier tout seul, mais j'étais le destinataire de quasiment tout le cuir que mes co-Guildeux récoltaient (et ce depuis mes tous débuts dans le métier), et les mineurs de la Guilde ont également fait un gros travail pour me fournir des minerais que je n'aurais pas pu obtenir sans eux. Tout seul je n'y serais pas arrivé.
* Je faisais feu de tout bois. À un moment j'achetais toutes les ressources qui rentraient dans une recette de cordonnerie. Ca s'empilait, mais quand j'avais assez pour faire la recette en question, je revendais le résultat, et je recommençais. Je n'ai presque jamais rien jeté (avoir gardé mes premiers objets a été bien utile pour avoir des runes quand est apparu la Cordomagie).
* J'essayais d'être agréable et compréhensif envers les clients. J'ai par exemple souvent accepté des paiements en ressources pour tous les clients aux bourses peu remplies, et je gardais le temps de dire "Bonjour" et "Au revoir" même quand la file d'attente était bien remplie. D'après les échos que j'en ai eu ensuite, c'était plutôt bien perçu.
Une dernière chose à dire ?
Il y a deux idées reçues que je n'ai jamais comprises :
* "Un artisan doit être gratuit tant qu'il n'est pas maître". Même non maître, un artisan rend un service quand il fabrique quelque chose, et je ne vois pas pourquoi ce service ne serait pas rémunéré. L'expérience acquise lors de la fabrication est trop faible pour être une rémunération, et en plus c'est un peu facile de la part du client de dire cela pour obtenir un service gratuitement
Quand à être au service de la communauté... La communauté, j'en ai croisé une bonne partie avec tous les clients que j'ai servi. Il y en a très très peu qui m'ont rendu service : la grand majorité se font fabriquer leur objet, et disparaissent. Pour quelle raison rendrais-je service à des gens qui ne me le rendront jamais ?* Pourquoi tout le monde veut que le prix d'un travail ne dépende que du nombre d'ingrédients dans la recette ? Faire payer le même prix pour une ceinture du Tot et une Kwakture, ou bien pour une Ceinture des Vents et une Ceinture Feudala, je trouve ça bien étrange...
Et pour finir, je tiens à remercier ma guilde pour ce qu'ils ont fait pour moi, et en particulier ceux qui sont avec moi depuis le tout début, et qui se reconnaîtront.
Merci aussi au Mai'Mag pour cette interviou, cette forme de reconnaissance me fait plaisir
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