dimanche 26 avril 2009

L’Aurore Pourpre selon Trom Lavar, partie I

Après les contrées d'Amakna et de Pandala, c'est à Brâkmar que commence cette nouvelle histoire relatée par Lord Tiberion. Voici la première partie :

Nom
: Trom Lavar.
Matricule : 4466.
Grade : Capitaine de manipule dans la 6eme légion des troupes de Raval, sous l’autorité expresse et permanente de Rushu.
Situation : Père de famille.
Statut : Traître.


Jour d'avant

Ce matin, je me réveillai, comme chaque matin. A ceci près que je me sentais mal. Je ne savais pas pourquoi, mais une boule nouait mon ventre. Je regardais mon cadran. 6 heures. Je me levai doucement, sans réveiller ma douce qui dormait encore. J’allai dans la salle à manger et grignotai vite fait une miche de pain avec du fromage.
Malgré la frugalité de ce repas, je me sentais mal à l’idée de manger plus... Je commençai a mettre mon uniforme. Noir bien entendu. Je ceignis mon épée. Une fois prêt, je m’apprêtai à sortir lorsque qu’une soudaine pulsion me retint. Je fis quelque pas en arrière et allai entrebâiller une porte. Je regardai d’un œil attendri mes deux filles qui dormait paisiblement. Puis je retournai à mon lit. Ce fut plus fort que moi, je réveillai ma femme pour l’embrasser. Puis la laissai se rendormir. Je pris ma hallebarde en fermant la porte derrière moi.
Non, j’étais bien le seul à sentir la lourdeur de l’air…
Pourtant Brâkmar n’avait pas changé cette nuit. Toujours aussi sombre, toujours aussi rouge.. Un peu rassuré, mais loin d’en être assuré, je pris donc la route de la milice. Les cris de Croc Gland me glaçaient le sang, chose inhabituelle. Entrer dans la grande bâtisse ne me fit pas ressentir cette sensation de sécurité comme d’habitude. Je remarquai un des hommes de mon manipule en faction.


- Cap’tain! On vous attend a la bibliothèque
- On?
- Grumpf... J’suis un soldat, pas une banque d’information. J’en sais rien par Djaul !


Je descendis donc et pris la porte à moitié cachée dans les plantes. Une fois libéré des racines et autre végétaux, je passai le seuil, et là mon cœur loupa quelques battements.
Autour de la table siégeaient des généraux en tout genre, mais surtout on remarquait que tout ce monde était dominé par un guerrier, de peau et de vêtements noirs. Une large épée dépassait de son dos alors que ses yeux d’un rouge féroce semblaient lancer des éclairs. Tout autour de lui s’installait une aura de ténèbres. Sa voie grave et gutturale avait un ton solennel et effrayant. Je venais de découvrir Hyrkul...
Mais ce n’était pas devant lui que je sentis mes genoux ployer. Quelques chaises vides présidaient la salle. Et si elles étaient vides de personnes, aucun autre endroit ne rayonnait plus de présence. Je sentais clairement les empreintes de Rushu, Djaul, Domen et Raval.
Sans m’en rendre compte, je m’étais mis à genoux. Un sourire sordide se fit voir sur la face d’Hyrkul.


- Capitaine Lavar… Bien, nous sommes au complet. Nous pouvons commencer… Aujourd’hui, nous allons éradiquer les ennemis de nos maîtres. Ces chiens de Bontariens n’ont que trop défié la puissance du dieu Rushu. Des monstres du monde entier répondent à l’appel du treizième dieu. Nous massacrerons Jiva, Menalt, Pouchecot ou quiconque se mettant sur notre route. Inutile de dire que pour raser Bonta, vous êtes tous mobilisés.

Son sourire se mua en un rictus sadique.

- Le commandement des troupes m’a été confié. Il faut croire que Rushu m’estime comme le plus capable d’entre nous...

Cette fois-ci il éclata franchement de rire. Nous étions peut-être des gradés de Brâkmar, mais aucun d’entre nous n’était immortel comme lui. Et surtout, il méprisait les laïcs que nous étions. Car si nous avions une foi plus ou moins grande en Rushu ou un de ses vassaux, nous étions
Brâkmariens, et non pas démons.


- Voici donc ce que je propose…

Durant des heures, le héros nous expliqua en détail un plan qui semblait rigoureusement préparé. Si je n’avais pas brillé en tout, je pouvais me vanter d’avoir un esprit habile. Et je tirai deux choses de son discours. La première était qu’il venait de nous barber pendant une heure pour nous décrire un plan qui consistait à rentrer dedans et taper ce qui bougeait comme ce qui ne bougeait pas. La seconde chose, c’était que les troupes bâtardes de Brâkmar, composées des habitants volontaires (et non pas des fanatiques) se trouvaient à raser les murailles de Bonta pendant qu’Hyrkul et ses troupes monopolisaient la porte. Autant dire que nous allions faire de jolies cibles…

Je me levai pour protester. De quel droit mes gars et moi-même devrions servir de jeux éducatifs pour les archers bontariens ? J’étais indigné que les légions de volontaires soient traitées comme de la chair à canons. Malgré toute mon indignation, lorsqu’Hyrkul posa ses yeux sur moi, lorsque je sentis les quatre présences s’intéresser à moi, je me sentis défaillir. Mes joues étaient devenues rouges, et ma voix s’éteignit à moitié dans un murmure, emportant la toute fin de ma phrase. Des rumeurs montèrent autour de la table. Mais tout bruit fut effacé par le rire du noir guerrier. D’un geste nonchalant il chassa mes objections.

- Les fillettes qui vous servent d’hommes seront honorées de se sacrifier pour que tombe Bonta et que Rushu soit divinisé. Telle est la volonté de notre maître. Nous nous y soumettrons. D’autres questions ?

Maintenant qu’il était clair que la moitié de personnes présentes étaient prises pour des moins que rien, personnes n’osa lever la tête et lâcher ses chaussures des yeux. L’apogée de Rushu était inévitable, et cela se traduirait aussi par un nettoyage des personnes qui ne lui étaient pas
entièrement soumises.


- Bien… Alors tout est bon !

Tour à tour, les présences de Rushu, Djaul, Domen et Raval s’éteignirent. Pourtant, avant que la dernière ne s’évanouisse, on sentit un étrange sentiment de tristesse, de méfiance, et un peu de peur. Visiblement même Raval ne pourrait rien pour nous…

Hyrkul frappa la table d’un de ses énormes poings.

- Nous partirons au crépuscule, le temps que les Ordres se réunissent, que les lavettes se mobilisent, et que les fidèles monstres de Rushu soient tous là. Et demain, nous baignerons dans le sang des faibles !

Sa dernière phrase ressemblait plus à un rugissement.

-ALLEZ BRÂKMARIENS! QU’ON RASSEMBLE LES ARMÉES!

Nous détalâmes tous, autant terrorisés que motivés par ce monstre qui semblait invincible. L’histoire se mettait en marche...

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