lundi 17 août 2009

Encore, encore et toujours

Ce matin, mon chewi d'amour m'avais fait la surprise de me laisser un texte sous mon oreiller. Après l'avoir lu, il m'est impossible de ne pas le partager.


Je rentrais en grommelant, retirant une flèche de mon chapeau. Ces imbéciles, anges ou démons, ne trouvaient vraiment rien de mieux a faire que d’agresser tout ce qui bougeait au nom d’une inimitié qui prenait ses racines dans l’aube des temps oubliés. Et eux ne faisaient que reprendre le flambeau d’une folie infinie et meurtrière perpétuée par leurs ancêtres. Après quoi, ils déguisent leurs cadavres en trophées de guerre et passent pour des héros d’avoir massacré des innocents. Une chance que tous ne soient pas comme ça. Et face au serpent qui se mordra la queue jusqu’à ce qu’il se crève, certaines personnes se lèvent a leurs manière pour arrêter un massacre.

Un sourire flottait sur ses lèvres.. Les mains levées, tenant en garde haute une lame rouge encore des sangs les plus variés. La lumière qui perçait à travers les noirs nuages se reflétait sur son armure en de millions de petites lumières agressives. Ses yeux tout d’abord ennuyés devinrent résolus, et une farouche lueur de folie y brilla un moment; confirmée par un cri de rage. Il fit un pas en avant et moi un en arrière. Il chargea alors que je rencontrais le mur.
Je fermais les yeux, terrifié. Le levais pitoyablement mes bras au dessus de ma tête en gémissant.
Puis, surpassant le kiaï du soldat, j’entendis les plaintes et d’autre cris de terreur. Plutôt que de revoir bêtement ma vie, je vis le village qui avait besoin de moi. Et qu’après tout, cet homme, je devais le haïr.
Je rouvris les yeux, et fis un pas en avant. Sans peur, je levais la main et saisis le poignet de mon adversaire qui s’apprêtait a frapper sans défiance un homme sans défense. Son regard sur moi devint hargneux, alors que les flammes de la colère illuminaient le mien. Chacune des gouttes de sang qui tombaient de l’épée tendue entre nos deux visages s’écrasaient sur ma tête, renforçant ma funeste détermination.
Être forgeron était un métier de muscles. Peu a peu, des craquements se firent entendre alors que je retournais la main de mon adversaire, dirigeant contre lui sa propre lame. Force contre force, le fer descendait lentement mais surement vers sa gorge. Il bougeait inutilement, gémissait pitoyablement. Son regard si sûr implorait maintenant pitié. Mais je n’avait qu’une mort rapide a offrir. J’enfonçais sa lame dans sa carotide, tout en accompagnant son mouvement de chute doucement. Je m’agenouillais à coté du corps que je tenais, et fermais les yeux du guerrier, fils de Bonta.
Je me relevais en respirant.. Œil pour œil, dent pour dent, tel était la devise qui avait dicté la conduite et la folie des hommes depuis le début de cette funeste histoire. Brâkmar attaquait Bonta, Bonta triomphait mais ne pensait qu’à venger ses morts victorieux et éradiquer le mal. Pour ce faire, elle chargeait Brâkmar, et reculait devant ses hauts mur. Leurs lames vengeresses se tournèrent donc vers la cité d’Hyrkul: Gisgoul. La boucle bouclée, la guerre finie pour le moment, notre ville était un vaste champs de ruines grouillant de franc tireurs pillard Bontariens, de troupes éparpillées de l’armé régulière Brâkmarienne, et de quelques bworks descendants des montagnes toujours plus nombreux. Ce tout faisant de joyeuses mêlées.
Je regardais un moment les 4 survivants qui m’observaient a la fois comme leur sauveur et comme un assassin. Un gosse, une femme et deux hommes. Sans aucune distinction, la peur terrassait leurs visages, les transformant en d’affreux faciès.
Je ressortais l'arme à la garde sculptée en plume planche et a la lame rougie de mon adversaire et la tendais vers une rue.

-Par là! Nous devons sortir de Gisgoul et regagner la Cité Pourpre pour nous mettre en sécurité. Ne restons surtout pas ici. Allons, dépêchez!

Nous commençâmes à nous déplacer dans ce lieu macabre.. Chaque pas voyait son obstacle, que ce soit une brique, un rocher, un bout de toit ou bien même un de nos voisins gisant. Les volutes de fumée et l’atmosphère nous faisait entrer dans un état second. Muets et contemplatifs. Horrifiés et impuissants devant ce carnage.
Dans un tel état, nous ne nous rendîmes même pas compte que nous nous jetions dans la gueule du mulou. En effet, au détour d’un virage, nous tombâmes droit sur une patrouille plus ou moins régulière brâkmarienne. Je soupirais de soulagement. Mais pas pour longtemps.

-Halte! Qui va là?
-Nous sommes…
-Regardez! L’homme là, il a une arme bontarienne! Arrêtez les!


En moins de temps qu’il n’en fallait pour dire ouf, nous fûmes attachés et emmenés devant l'un des leurs qui semblait avoir le statut de chef.

-Chef, ceux la nous sont tombés dessus, ils étaient armés avec du matériel ennemi, et venaient de par où notre patrouille était partie. On les a maitrisé.

La guerre corrompait vraiment tout les hommes, les rendant cruels. Le chef cru chacun des mots sans vraiment poser de question. Il était clair qu’ils avaient besoin de leurs quota de sang pour la journée..

-Attachez-les aux poteaux. Je vais les interroger.

Ceci fait, il nous tournait autour, nous posant des question sur les stratégies bontariennes dans les ruines. Nous, évidement, on n'en savait rien.. Chaque mauvaise réponse nous valait un coup de anse.

-Combien de Bontariens sont installé dans les ruines?!
-Quelles sont leurs positions?!
-Comment sont-ils armés?!
-Qui est leur chef?!
-Quelles sont leurs intentions vis-à-vis des ruines?! Occupation, défense des positions ou désertions?!
-Et enfin.. Nous avons envoyé une patrouille de 5 hommes. Que sont-il devenus? Qu’en avez-vous fait?!


Les « je sais pas » à la suite l’énervèrent très vite, et un sourire sadique naquit sur son visage.

-Soit vous répondez a mes question, soit si demain c’est pas fait, je vous exécute tous en tant qu‘espions. Et puis dommage si vous n'êtes pas Bontariens. Après tout, le civil est un dommage collatéral de la guerre..

Il repartit en riant. Durant toute la soirée, des soldats montèrent la garde devant nous. Crachant sur nos pieds ou nous méprisant de toute les manières possibles et imaginables. Leur plaisir était notre humiliation.
Puis, au beau milieu de la nuit. Après une garde particulièrement pénible; la relève vint. La première chose que l’homme fit, fut de s’assoir devant nous, son arbalète sur l’épaule, et d’ôter son casque. Le premier a faire ça. Ce faisant, il était le premier a nous montrer qu’il était bien humain. On pouvait lire dans ses yeux un certain dégout quoiqu’une grande curiosité a notre égard. Après un bref moment d’observation, il parla:

-Vous devez être très idiot ou très brave pour couvrir des compagnons qui ne viennent même pas vous sauver..

Sur un ton las et calme, je lui racontais notre histoire depuis les soirs de combat dans la ville. Il semblait cogiter sous sa tignasse brune. Puis, il avança, se mettant sous les rayon de la Lune. Il semblait avoir dans la vingtaine, déjà quelques ride et un air las. Il restait cependant méfiant.
Puis d’un coup, il se mit a tourner autour de nous de la démarche militaire protocolaire a ceci prêt qu’il levait sa jambe a un mètre de hauteur. Entendant nos moqueries, il encocha une flèche et lâcha la corde qui lui claqua sur les doigts en passant au dessus de sa flèche. Il tenta la recharger vite fait. Une fois la corde tendu de nouveau, le coup partis tout seul, et droit sur son pied cette fois ci. Alors qu’il se mettais a sautiller partout en houspillant, il se mis soudainement sur ses deux pieds. Puis levant le droit, il montra la flèche qu’il tenait en équilibre sur sa chausse.
La, nos yeux s’arrondirent. Ce soldat essayait de nous faire rire. Il nous faisait une sorte de numéro. A nous, prise de guerre et condamnés a mort. Ce fut plus fort que tout, et nos nerfs lâchèrent. Nous partîmes tout les six d’un grand éclat de rire. Puis enfin, il se présenta.

-Adrian Perenhold. Engagé par recrutement, ex trouvère. Si mon chef de guerre bouftou était encore avec moi, même vos cordes se délieraient sous la force de vos rires. J’ai n’ai hélas qu’a vous offrir cette nuit que quelques blagues et numéros comme dernière conversation...

Ce qu’il fit. Durant un moment, nous oubliâmes les atrocités, la guerre et l’exécution. Juste des sourires et des rires. Un monde à part qui semblait tenir de l’irréel. Puis nous commençâmes a somnoler.
Nous fûmes réveillés par le bruit des tambours et le petit matin. Fini les blagues et numéros. Là c’était le grand jeu. Dix soldats alignés, arbalètes à la main, et deux autres qui battaient la mesure.
Tous, nous regardant sans âme et inflexiblement. Même notre conteur d’hier était redevenu un froid soldat.
Le chef nous fit un dernier avertissement, mais nous continuâmes a clamer notre innocence et notre ignorance

-Assez parlé.. Soldats! En joue.. Qu..?

Tous regardaient notre trouvère d’hier qui avait sa flèche sur son pied, en équilibre, alors que tout les autres avaient leurs arbalètes pointées sur nous. Puis il attrapa sa flèche et regarda son chef. Ce moment dura une bonne minute. Chaque battement de cœur était retenu en face, alors que chez nous, le sang battait a plein rythme dans nos tempes.

-Chef.. Vous me demandez de tuer des gens innocents, ou du moins qui ne sont pas forcément coupables.. A ça, je répond que ma décision est prise. Je m’en vais déserter. … Un homme peut en diriger un autre. Mais je demeure seul responsable de mes actes devant les dieux. C’est pas pour vous fâcher, mais ça, c’est trop dur.

Ce disant, il posa sa flèche dans la main tendu de son supérieur, et lui fit dos, partant. Ce dernier réagit assez vite pour ne pas laisser a ses hommes le temps de réfléchir. Il désarma le plus proche et visa son déserteur, et l’abattit dans le dos, sans même le regarder. Il ne s’approcha de lui que pour lui cracher sur sa dépouille. Hier nous pleurions de peur, cette nuit c’était de rire, ce matin c’est de chagrins pour cet homme qui était mort pour nous sans même nous connaitre. Mais le supérieur ne laissa pas non plus de temps aux cœurs de souffrir ou aux militaires de cogiter sur des question d’injustice. Il désigna le corps et vociféra:
-D’autre volontaire?! Allez, reprenez l’exécution!

Les tambours reprirent, mais plus profonds cette fois, et avec échos.
Débouchant d’une rue sombre, une vingtaine de cavaliers Bontariens surgirent et prirent le groupe par surprise. Rien qu’une effusion de sang dans ce monde sang, une folie de plus dans le chaos de ces rues noires peintes en rouge. Mais aussi une lueur d’espoir. Les survivants brâkmariens furent rassemblés. Et nous détachés et libérés. Les ennemis de nos ennemis sont nos amis, qu’ils disaient.
Lorsqu’on interrogea le chef sur le cadavre déjà abattu, il répondit avec dédain..
-Lui? Un déserteur.
-Ah.. Rien qu’un lâche quoi..

Surenchérit le cavalier
-Un héros
Coupais-je férocement.
-Qui m’aidera a le porter?
Le silence se fit. Il avait sauvé mon bien le plus précieux: la vie, en gagnant du temps. Et lui perdait la sienne dans l’ombre et le déshonneur.
Mais après ça, si les brâkmarien n’envoyaient plus de nouvelles, on pouvait être sur qu’une nouvelle patrouille serait envoyé pour rependre le sang bleu.. Le cercle vicieux de la guerre? Et alors? j’y serais plus quand ça arrivera.

Lui même et sa Muse
Tiberion.

Pfiou.. Et demain j’irais retirer les flèches qui sont enfoncées dans ma porte. Té, une chance que la soif de sang imbécile n’apprenne pas a un homme à se servir de ses dix doigts. Amakna et Astrub seraient tombés sous les tueurs fanatiques en ce cas..
Je posais mon sceau sur mon parchemin et l’accrochais a la patte de mon corbac avant de me rappeler que celle à qui j’envoyais mon écrit n’était plus bien loin. Déposer le parchemin sous son oreiller serait plus simple par exemple..

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