dimanche 10 mai 2009

L’Aurore Pourpre selon Trom Lavar, partie II

THIS IS BRÂKMAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAR!

Les pierres de Sidimote tremblaient sous les pas ordonnés alors que son air résonnait des clameurs guerrières. Troolls, chafers, démons, gobelins, bworks, hommes et j’en passe. Tous avaient répondu à l’appel de Rushu. Plus qu’une armée, c’était une armada qui était réunie ici. Et à sa tête, entouré d’une noire aura, resplendissant de puissance, Hyrkul.
Les ordres se mirent à pleuvoir. Les troupes s’agitaient. Mes gars, eux, étaient réunis en un troupeau derrière moi, jouant au dés ou je ne sais, tuant le temps quoi.
Un cavalier, tout de rouge et de soie vêtu, s’arrêta devant moi. Je reconnu là le chef de légion.
-Capitaine Lavar. Ordonnez vos homme. Vous couvrez le flanc est de l’armée. Faites passer le mot à toute la légion. En colonne !
Chic.. On couvre le front qui est ouvert à tout Cania… En gros, si on se fait attaquer en route, c’est pour nous..
-Mais..
-On ne discute pas. Les ordres viennent d’Hyrkul.
Je l’aime de plus en plus.. Je me retournai pour voir mon corps d’infanterie comme si je ne le verrais plus jamais ainsi. Joyeux et plein d’espoir. Sûrs d’être les combattants d’une cause qui en vaut la peine alors qu’ils allaient peut-être mourir sans voir les blancs murs de Bonta. Durant ce temps, mon chef avait détalé.
Le ton de la colère perçait dans ma voix alors que j’ordonnais mon manipule.
-Allez les gars, en ligne sur moi, en 3 rangs. En harmonie avec le reste de la légion. Exécution ! Et avec de la discipline !
Une fois la manœuvre faite, nous entendîmes les lourds tambours résonner dans les plaines. Le rythme des marches était donné. Il fallait le suivre ou terminer écrasé. Telles étaient les lois de la guerre...
Du haut de ma dinde, j’observais les armés qui s’étendaient à perte de vue. Et là, je compris pourquoi Hyrkul nous méprisait… Nous n’avions rien des brutes au service de Djaul, ni des sombres guerriers silencieux de Rushu garants de causes oubliées qui marchaient un peu plus à l’Ouest. Nous n’avions rien non plus de la puissance des trolls dont on distinguait les sombres et inquiétantes ombres. Nous étions même désavantagés face aux chafers et aux gobelins car nous étions assez intelligents pour souffrir de la peur. Je ne savais pas si j’étais le seul mais à chaque pas que ma monture faisait, je me voyais devant les mur de Bonta, subissant des morts plus atroces les unes que les autres, allant de la flèche à travers le corps, à me faire piétiner lamentablement par un trooll en course. Nous n’étions que des hommes, et nous n’avions pas notre place ici. Nous n’avions pas de pouvoir divin ou de bénédictions endurcissant corps, âme ou force. Nous étions des insectes. Et au fond de moi, je plaignais les soldats de Bonta qui devaient être dans le même état que nous.
Je rouvris les yeux en sursautant. Je me rendis compte que ma main tremblait sur le manche de ma hallebarde. Des sueurs froides coulaient le long de ma nuque. J’étais bien dans l’armée, et bien en marche contre Bonta.. Je m’entendais murmurer malgré moi.
-Ô dieux... Ô Raval... Protégez-nous, par pitié.
Ah il était fier le Brâkmarien, disciple des démons...Possédé par la peur. Un lâche, un pleutre. Durant un moment, je m’étais retourné, cherchant des yeux ma femme et mon foyer. Durant ce moment, l’envie de talonner ma monture me pris.
Incontrôlé, mon talon se leva. Mais là, ce fut l’immobilisation totale. Pas bouger, à peine respirer. La peur me prenait. Mais d’une autre manière. Je me retournai lentement. Et là, je le distinguai aussi bien que s’il était devant moi. A quelques toises d’ici, Hyrkul me fixait, ricanant. Il détourna sa tête comme s’il avait peur que je le salisse de mes yeux. Je repris peu à peu le contrôle de mon corps tremblant. Je fermai mon visage et me contentai de regarder droit devant moi. Immobile, je commençai à me vider de toutes mes émotions. Juste marcher sous la sombre clarté de la Lune.
Bientôt et peu à peu, le dure sol rocailleux de Sidimote laissa place à la plaine de Cania. Un soupir de soulagement se fit entendre au niveau des hommes à pieds qui préféraient marcher sur l’herbe.
Pour moi, c’était une peur en plus de voir à tout moment des troupes bontariennes surgirent d’on ne sait où…
Bientôt un manège inquiétant commença. Des éclaireurs étaient envoyés partout autour de l’armée. Tous revenaient quelques heures plus tard alors que d’autres partaient. Chacun de ces éclaireurs revenant pouvait être signe d’une mort proche. Un éclaireur qui ne revenait pas serait pire encore d’ailleurs... Chacun de ces allers et retours me mettait les nerfs à vif. Si bien qu’au bout de quelques heures (qui me parurent des éternités), je ne tenais plus sur ma selle et serrais mon arme. J’avais presque envie de me battre, qu’on en finisse.
Dire que mes gars, eux, plaisantaient joyeusement derrière moi. J’entendais leurs éclats de rire et leurs blagues. Comment pouvaient-ils ne pas avoir peur ? Nous avions beau savoir que cette attaque était « secrète », on ne déplaçait pas une armada comme ça sans qu’on le sache…
En regardant la petite ombre d’un arbre formée par la lumière de la lune, j’eus une pensée plus que rassurante. C’était même un peu galvanisant. L’aube allait se lever dans quelques heures. Et lorsque cela se ferait, nous serions en septange, le mois protégé par Raval. Nous, légion ravalienne, ne pouvions quand même pas être massacrés alors que même les secondes qui s’écouleraient appartiendraient à notre protecteur. Oui, même pour un brâkmarien tel que moi, l’aube serait synonyme d’espoir. Je ne prêtais même pas attention aux éclaireurs qui partaient et revenaient. J’étais confiant et remonté. Raval ne nous laisserait pas tomber tant que nous ne le décevrons pas. Alors c’est avec fierté que nous porterons ses couleurs dans le sang bleu de nos ennemis.
Soudain, l’ordre retentit partout dans l’armée. Un « HALTE » hurlé par tous les chefs. Une rumeur monta le long des troupes. Aussi j’entendais les soldats chuchoter et s’exciter. Tendant l’oreille, je pus percevoir un « Il paraît qu’on approche de l’avant-poste de Bonta. »
Loin de l’état de pensée couard que j’avais pendant la marche, un sourire torve apparut sur ma figure. Mon sang brâkmarien ne fit qu’un tour alors que je piaffais d’impatience, attendant les ordres. Le chef de légions arrivait calmement. Je trouvai la surprise dans son œil de me voir aussi prêt et joyeux à l’idée du combat.
-Les gobelins en avant-garde avec quelques troupes. Le gros de l’armée sera derrière et terminera le travail des gobelins.
Une grande déception me parcourut. Moi qui m’attendais à aller au casse-pipe, voilà qu’on me mettait à l’arrière.
Mon chef repartit et le silence s’abattit partout autour de nous. L’ordre était attendu. Un rugissement à peine humain retentit dans la nuit. Je reconnus la voix d’Hyrkul qui hurlait à la charge.
Une clameur monta à l’avant de l’armée alors que les gobelins rompaient les rangs pour charger avec quelques autres troupes.
Quant à nous, nous nous remettions en marche, d’un pas rapide. Les hommes frappaient leur arme contre leur bouclier, reproduisant un bruit de tonnerre. Bientôt, les premiers hurlements de douleur et de peur retentirent. Me faisant rire de là où j’étais.
Brâkmar avançait.

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