dimanche 24 mai 2009

L’Aurore Pourpre selon Trom Lavar, partie III

Lord Tiberion nous gratifie d'un troisième épisode de sa saga sur la plus grande bataille qu'ait connu notre monde.

Jour de guerre.

Le tumulte continuait. Les clameurs de guerre s’effaçaient pour laisser place aux cris d’horreur des bontariens. Il suffit de dix minutes aux gobelins et aux hommes pour nettoyer le camp de la petite garnison qui y était. Bientôt le silence se fit de nouveau dans Cania, coupé seulement par quelques râles. Nous avancions.
L’armée arriva enfin au niveau de l’avant poste. C’était un carnage. On pataugeait dans le sang. Le sang bontarien, celui que l’on détestait tant. Malgré mon caractère absolument pas belliqueux, j’éprouvais une certaine satisfaction en voyant un de mes gars achever un bontarien gisant d’un coup de hallebarde. J’avais juste soif de sang. Et tous semblaient galvanisés par ce petit combat. Alors qu’Hyrkul remettait de l’ordre dans l’armée pour la remettre en route, une autre clameur monta un peu au nord.
D’un mouvement, tout le monde tourna la tête vers cet endroit. Les gobelins à l’avant se remirent en ligne, toujours guettant les signes de vie.
La clameur s’arrêta. Puis bientôt des bruits de tonnerre déchirèrent la nuit alors qu’on commençait à distinguer une grande troupe reflétant les rayons de la Lune. Une fois nos yeux habitués, on put distinguer une troupe d’hommes fonçant droit sur nous. Une moyenne de taille de deux mètres, des gabarits impressionnants et des armures scintillantes. Le temps de détourner les yeux, ils avaient déjà parcouru le plus gros de la distance nous séparant d’eux. Pouvoir distinguer leurs visages me fit comme un seau d’eau froide. Ils chargeaient une armada sans avoir peur. Ils respiraient l’assurance et la puissance. Une élite des élites. L’ordre du Tonnerre chargeait.
Menalt dirigeait un des flancs, sa lance nimbée de flammes blanches éclairant les mines lugubres et féroces des centaures le suivant dans un bruit de tonnerre. Sur l’autre flanc, Pouchecot dirigeait ses hommes en poussant des cris de rage.
Le temps de surprise passé, cette armée enragée enfonçait déjà les lignes des gobelins. Ce ne fut pas une bataille, mais un carnage. Les gobelins se firent décimer en 5 minutes, et le tonnerre reprit alors que Menalt et Pouchecot conduisaient leurs hommes vers nous.
Un second cri de guerre surplomba le tohu-bohu des bontariens. Hyrkul s’élançait, son cri repris par l’ensemble de l’armée qui s’élançait à sa suite.
Malgré la peur bleue que m’inspiraient ces hommes, je ne réfléchis pas en fonçant droit dessus. Poussé par le groupe et une rage sortie de je ne savais où, je suivais l’étendard du feu noir d’Hyrkul, conduisant mes hommes au combat.
La suite est un peu trouble à ma mémoire… Je me rappelle que chargeait… L’arrière du manipule de devant avait soudainement brisé ses rangs dans des cris de peur, le bruit de sabot venant de droit devant nous.
-BOUCLIERS! Défend..
Je n'avais pas fini ma phrase qu’un centaure me rentrait dedans. Je fus propulsé de ma dragodinde, le souffle coupé. Durant un moment je voyais les étoiles de cette nuit noire danser devant mes yeux. Je me relevais quelque minutes après, secoué de vertiges et légèrement ahuri. Je regardais autour de moi, cherchant a reprendre conscience de l’espace m’environnant. Je regardais avec horreur mes premières lignes, défoncées et piétinées par des sabots. Je vis ensuite, repoussant les centaures par de grands gestes de hallebarde, un détachement de mes gars me défendant. Tournant la tête, je vis enfin le front de ma manipule. Une véritable boucherie. Chaque coups d’épée des puissants centaures brisait des armures, des armes, des os ou des vies. En réponse, de grands coups de hallebarde fauchaient tout ce qui pouvait dépasser et tenaient les quadrupèdes a distances.
Partout autour de moi il n’y avait que confusion. Sang et cris fusaient et giclaient de partout. Chaque seconde voyait son quota d’amis mourir.
Je regardais un moment le ciel toujours noir. Où était l’aube? Où était Raval? Je regardais apeuré la longue nuit qui n’en finissait pas, balayant mes espoirs quand à Septange. Je regardais le sol, je reconnaissais un visage sur deux.. D’un geste rageur, je pris une des épées plantées dans le corps d’un frère, et ramenais mon détachement sur la ligne de mon manipule. Puis je pris place à l’avant, et frappais. Telle une bête, je frappais. Œil pour œil, dent pour dent. Chacun des morts par chez moi verrait son bontarien mourir. Je frappais encore et toujours, repoussant les limites de mes muscles au maximum. J’en étais à un tel point de bestialité, que je sentais mes yeux rougir alors que je me délectais des giclures de sang qui atterrissaient sur mes lèvres.
Une minute? Une heure? Je ne sais, mais au bout d’un moment, des éclairs blanc et noirs se mirent a jaillir côte à côte. Les combats ralentirent. Soufflant comme un bœuf je regardais les lumières vives qui émanaient d’un peu plus loin. Je montais sur un rocher afin de pouvoir regarder ce qui se passait. J’eu à peine le temps de voir le dernier coup: Hyrkul frappant fatalement Ménalt. Le centaure commença à tomber alors que le sombre héros poussait un cri de triomphe. La scène se figea un moment. Le corps du centaure était secoué de spasmes, puis après un dernier soubresaut, il s’affaissa au pied d‘un arbre qui venait d‘apparaitre. Un cri de découragement résonna dans le silence.
Puis le combat reprit. Pourtant, l’entrain n’y était plus. Les bontariens étaient démoralisés. Menalt était mort et Pouchecot impuissant. Leurs coups n’avaient plus aucun impact. 10 minutes plus tard ils étaient tous morts. On en retrouvait même certains à quelques mètres du combat, balancés par les trolls. Ni plus ni moins qu'une boucherie.
J’errais sur le champ de morts, à la recherche de mes hommes, et un constat me frappa. J’avais parcouru le champ de long en large, et n’avais vu qu’une grosse centaine de bontariens à tout casser, ils avaient du tuer au moins trois ou quatre fois leurs nombre.
Ce constat me fit blêmir. Lorsque je retrouvais enfin ma compagnie -diminuée d’un quart de ses effectifs… - mon seul réflexe fut de regarder le ciel, priant, m’en remettant aux dieux, alors que l’ombre de l’abandon grandissait dans mon cœur.
L’aube ne naîtrait pas, Raval nous avait abandonnés.

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