lundi 16 novembre 2009

Us et Coutumes: Les Cras

Puisque les ultimes divinités de notre monde, non pas les divinités du Panthéon mais leurs créateurs en personne, se sont penchées récemment sur les aptitudes des disciples de la belle Crâ, étudions, nous aussi, ces aventuriers couramment nommés « les bonviseurs ».

Les crâs : les conflits idéologiques

De l’enfance à l’âge adulte : le tronc commun

De leur naissance à l’âge de 17 ans, les disciples de Crâ sont élevés comme tout enfant et suivent la même éducation. De nombreux cours leur sont dispensés : le maniement des flèches bien entendu, qui représente en volume d’heures la moitié du tronc commun, celui des arcs et des dagues, ainsi que l’histoire du monde. De fréquents entrainements développent leurs aptitudes physiques, leur agilité, leur maitrise du feu et leur faculté à combattre à distance.

C’est à 17 ans que les jeunes sont considérés comme suffisamment aguerris pour passer la fameuse Épreuve, celle qui conditionne le reste de leur existence.

L'Épreuve

En quoi cela consiste-t-il ?

Il faut retracer en quelques mots les origines de l’Épreuve.

Parmi les disciples de la Déesse, 2 courants s’affrontent depuis des générations : les crâs considérés comme « beaux », intégrés au clan des Crân’heures, et les autres, autrement appelés « laids », regroupés également dans un clan, les Crâ Pas Huteurs pour tenter de faire face à la domination des « beaux ».

Les Crân’heures, très élitistes, ont toujours vu la beauté comme l’un des premiers attributs de la déesse Crâ. En revanche, les Crâ Pas Huteurs, peu soucieux de leur physique, ont développé leurs aptitudes à l’archerie et à l’agilité. Il ne leur restait que ça…


Le meilleur ami des Crân’heures

Comment ce clivage est-il né ?

Des centaines d’études réalisées sur les « laids » ont réussi à mettre un point commun en exergue : chacun a, au sein de sa famille, un aïeul –aussi éloigné soit-il- accusé d’avoir commis une faute envers l’Ordre du temple, ou envers la Déesse elle-même. Ainsi la laideur serait une sorte d’expiation des fautes des parents. Plus la faute est lourde, plus la laideur s’étend sur des générations. Il est donc très difficile à priori de changer de clan, à moins d’être touché par la générosité de Crâ elle-même et d’engendrer un enfant tellement magnifique qu’il serait admis d’office chez les Crân’heures.

Le passage de l'Épreuve

Et déjà à ce stade intervient le clivage entre les clans. Honneur est fait aux « beaux » de passer l’Épreuve en premier. Cette épreuve est simple : un « laid » est attaché à un arbre, un tofu agité sur la tête. L’Épreuve consiste pour le « beau » à tuer le tofu en moins de 3 flèches, en évitant si possible son confrère « laid ». Les statistiques font état d’un taux de survie des « laids » de 67%. Les 33% de ’pertes’ sont considérés comme un bienfait pour la communauté, car il est inenvisageable que les « laids » soient supérieurs en nombre à leurs rivaux « beaux ».

Une fois ce rituel accompli par les « beaux », c’est au tour des « laids » de s’affranchir de leur enfance. L’Épreuve est similaire, sauf qu’à l’arbre est attaché un dopeul Crâ, tofu juché en guise de chapeau. Le taux de survie des « beaux » est donc, vous l’aurez compris, d’environ 99%. Le 1% manquant est dû aux violents éclats de rire lorsqu’un « laid » vise à côté de sa cible.

La bataille de Crâtère Low

Les 2 courants du culte se sont violemment opposés lors de la célèbre bataille de Crâtère Low. Cette bataille a renforcé l’hégémonie des Crân’heures qui brillèrent par leur intelligence. En effet, les Crâ Pas Huteurs, ne passant pas de longues heures à s’admirer devant un miroir, ont très vite parfaitement maitrisé toutes les techniques du combat, au contraire de leurs homologues coquets. Malgré le taux de pertes à l’Épreuve, les « laids » sont nombreux, courageux, et redoutables à l’arc.

Inquiets, les Crân’heures ont alors trouvé une astuce imparable : ils ont engagé leurs femmes dans la guerre et les ont revêtues d’un costume laissant entrevoir leurs plus beaux atouts. Chaque fois qu’elles bandaient leurs arcs, les hauts se soulevaient légèrement, faisant d’innombrables victimes parmi les Crâ Pas Huteurs, qui s’étouffaient alors dans leur propre bave. Ce costume fut tellement décisif dans la bataille, qu’il est entré dans la légende des tribus, et est toujours porté par les craettes à l’heure actuelle, leur permettant d’avoir un ascendant non négligeable sur leurs collègues masculins.

Voilà le petit geste qui a causé la défaite des Crâ Pas Huteurs lors de la bataille de Cratère Low. Remarquez le coude gauche, armant une flèche, soulevant totalement le petit haut de la craette.

Le général Crâ Kotte, de la tribu Crân’heures, à l’origine de cette idée ingénieuse, fut largement honoré par ses pairs. C’est de lui qu’est née la très célèbre phrase : « l’avenir appartient à ceux qui lèvent le haut ».

Voilà dorénavant vous savez tout sur les conflits claniques crâs. Et si vous voyez un « laid », ayez pitié, ne vous moquez pas, le poids de l’expiation est déjà bien difficile à porter.


Par Calliban et Jean-Reveu

Les proverbes

A bonne flèche, bon crâ
Ce n’est pas à son arc qu’on reconnaît un bon crâ
La flèche ne devient flèche que lorsqu’elle a été décochée
Combat rapproché, crâ annihilé
A crâ vaillant rien d’impossible
Adresse passe force
Crâ vise loin, une flèche en ton sein
La beauté ne se mange pas en salade
Rien ne sert de s’admirer, il faut viser à point
Pas de pitié pour le crâ sent (contraction du fameux « pas de pitié pour le crâ qui sent »)
Qui voit le crâ tire un coup
Il n’y a rien de pire pour un Crân’heure qu’un crâ dingue
Vous vous sentez visé ? C’est normal
Si vous chercher un crâ, suivez les flèches
Quand le crâ bande, c’est la débandade

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